Dans le cadre d’une meilleure gestion vers la transition énergétique et écologique par les collectivités territoriales, un nouvel outil numérique lancé par la Banque des Territoires permettra de maîtriser les consommations de l’ensemble du parc immobilier tertiaire public en France. Il s’agit du logiciel Prioréno, ayant pour but de cibler les immeubles les plus énergivores.
Ayant vu le jour en février 2022, ce dispositif issu de l’intelligence artificielle sera mis à la disposition des collectivités qui manifesteront leur intérêt pour son utilisation à compter du deuxième trimestre 2022. À titre informatif, la mise en œuvre a été financée par une partie du budget alloué dans le cadre du Plan de relance pour la rénovation énergétique. Cela fait en effet suite aux lourdes séquelles laissées par la crise sanitaire Covid-19 sur ce secteur, vers le milieu du second semestre 2020. Notons également qu’une importante enveloppe budgétaire a été allouée pour la décarbonation de l’ensemble du parc tertiaire depuis 2018.
Environ 40% des surfaces du secteur public sont occupés par des immeubles à usage tertiaire, responsables d’une partie de l’émission totale de gaz à effet de serre. Ce sont les immeubles de bureaux, les bâtiments d’éducation et ceux liés à l’enseignement supérieur, les bâtiments de l’armée, les casernes, de même que les bâtiments exploités dans le domaine de la santé publique. La majorité des bâtis constituant ce parc d’immeubles a été construit avant l’apparition de la première règlementation thermique et nécessite en effet une rénovation massive dans le but d’atteindre les objectifs fixés.
Étant en phase d’expérimentation, Prioréno pourrait être étendu dans le cadre de la gestion de la consommation du parc immobilier résidentiel, notamment pour les logements sociaux dont les 14% sont de véritables passoires thermiques.
Comment fonctionne le dispositif data Prioréno ?
Repérer les passoires thermiques
Prioréno a pour principale mission de repérer les passoires thermiques pour un « pré-ciblage » des bâtiments nécessitant une intervention en priorité. Cela grâce à une cartographie complète des données énergétiques, sur la base de multiples datas tels que la consommation totale, la surface et l’usage du bâtiment.
Les données proviennent d’Enedis (pour les consommations en électricité) et de GRDF (pour celles en gaz). D’autres services publics collaborent également avec ces acteurs dans l’exploitation des fichiers fonciers et des différentes bases de données topographiques, toujours dans le cadre de l’exploitation des données par Prioréno. À noter que toutes les informations se rapportant à chaque bâtiment sont collectées de manière continue et en temps réel.
Diagnostiquer, « nettoyer » croiser et analyser les données
Prioréno identifie les sources de données les plus exploitables et pertinentes dans le but de les rendre propres à l’analyse. Il en effectue une mise à l’échelle pour une parfaite cohérence et ce, en vue d’un diagnostic fiable ainsi que d’une étude intelligente. Le but est d’exploiter les résultats obtenus pour les actions futures à enclencher.
L’impact des rénovations réalisées sera ensuite mesuré par l’outil afin de quantifier les économies réalisées et procéder aux éventuels réajustements. Cela en vue de prendre des décisions plus ciblées, voire de se projeter sur les consommations futures.
Décret tertiaire et gestion des données par les collectivités locales
Objectifs ambitieux et obligation de résultat par le décret tertiaire
Pour rappel, c’est en octobre 2019 que le décret est entré en vigueur. Les dispositions y afférentes mettent en avant des objectifs particulièrement ambitieux de réduction de la consommation énergétique. Dans un premier temps, ce sont les bâtiments dont la surface est supérieure à 1000 m² qui sont visés. Concrètement, c’est la plateforme OPERAT qui se charge du stockage des données de consommation énergétique, lesquelles devront alors être communiquées avant le 30 septembre 2022.
Les objectifs sont déterminés en valeur relative ou en valeur absolue :
- les objectifs en valeur relative se traduisent par la réduction de la consommation de -40% d’ici 2030, de -50% d’ici 2040 et de -60% d’ici 2050
- les objectifs en valeur absolue concernent l’atteinte d’un seuil de consommation d’énergie finale pour chaque bâtiment, et en fonction du secteur d’activité.
Remarque : ce décret établit une obligation de résultat, indépendamment des moyens mis en œuvre.
Les collectivités locales face aux enjeux environnementaux et territoriaux
Les collectivités locales, en partenariat avec les pouvoirs publics, collectent les données en vue de synthétiser une vue d’ensemble des consommations sur les réseaux d’électricité, de chauffage et d’eau. Grâce à l’intelligence artificielle, les collectivités pourront mieux piloter les dépenses énergétiques suivant les enjeux environnementaux et territoriaux, de même que la promotion des énergies renouvelables.
Par ailleurs, les collectivités ont pour mission la détermination de la valorisation du potentiel énergétique du territoire. Le but est aussi de développer un territoire à énergie positive dans le cadre de la croissance verte. Les actions s’étendent alors sur une grande échelle et portent sur tous les bâtiments, professionnels comme résidentiels, publics comme privés.
L’intelligence artificielle pour l’optimisation de la consommation énergétique
Dans les années futures, l’intelligence artificielle se développera pour une meilleure gestion des sources d’énergie verte. L’outil recherchera les meilleures sources d’énergie renouvelable qui seront adaptées au bâti. Rappelons que ces sources sont multiples :
- via la géothermie, en exploitant les ressources de la terre, à savoir l’extraction des calories du sol pour être converties en électricité
- via l’énergie solaire, dans le but de produire de l’énergie thermique et photovoltaïque
- via l’énergie éolienne, provenant de l’énergie cinétique du vent (onshore et offshore)
- via l’énergie hydraulique, par le biais de l’exploitation de l’eau en travaillant sur sa pression
- via la biomasse qui consiste à exploiter les différentes matières organiques suivant le processus de méthanisation
L’intelligence artificielle exploitera ainsi toutes les données bioclimatiques afin de fournir la meilleure expertise basée sur les ressources naturelles du terrain, l’environnement ainsi que le lieu de construction. L’orientation du bâti, la disposition des pièces à vivre et leurs volumes, l’architecture ainsi que le choix des matériaux constituent le principe de la technologie bioclimatique pour une meilleure exploitation de l’énergie verte via les outils innovants. L’évolution des coûts sur les énergies est également analysée : dépenses issues des passoires thermiques tout comme gain d’énergie réalisé par un bâtiment à énergie positive (BEPOS).