Un quart du parc immobilier en France regroupe des bâtiments à usage tertiaire. Ces derniers occupent aujourd’hui une surface totale de près de 940 millions de m² et sont responsables de l’émission de plus de 30% de gaz à effet de serre dans l’environnement.
Ils sont répartis comme suit : 23% d’immeubles de bureaux, 22% de commerces, de locaux logistiques et de data centers, 19% d’immeubles spécialisés dans l’enseignement, 13% dans le secteur de la santé, 12% dans l’hôtellerie et la restauration, et le reste dans le secteur du transport (aéroports, gares, ports) ainsi que les résidences avec services.
Consommations en énergie
Les consommations pour chaque bâtiment dépendent de plusieurs paramètres : la nature de l’activité, le taux d’occupation (cette dernière pouvant être partielle ou permanente), la taille en ressources humaines, la surface totale et l’emplacement par rapport aux spécificités climatiques de la région, qui vont impacter sur la durée de chauffe ou de rafraîchissement. La date de construction entre également en compte : bâti ancien, rénové ou neuf répondant aux normes environnementales actuelles.
Les principaux postes de dépense en énergie sont les suivants : le chauffage, la climatisation, l’aération et la ventilation, l’éclairage, l’utilisation d’équipements bureautiques et d’outils de communication. En bref, la consommation tertiaire dépend de la gestion de ces dispositifs : température gérée manuellement, utilisation d’un chauffage central non régulé, d’un dispositif intégré et combiné de chauffage et de climatisation, avec système d’aération et de ventilation contrôlée, etc.
Chauffage et climatisation
Pour la fourniture d’énergie destinée au chauffage, près de 60% des bâtiments tertiaires se sert de l’électricité, 35% du gaz et 5% d’autres énergies. En ce qui concerne la climatisation, c’est l’électricité qui est la plus utilisée ; cependant, les installations modernes optent pour le climatiseur réversible qui fonctionne en partie avec de l’énergie renouvelable. Le chauffage via air conditionné et requérant l’usage d’une pompe à chaleur écologique ou écoénergétique est encore peu répandu dans le parc des anciens bâtis. Ces derniers sont de 40% seulement à coupler le dispositif chauffage-refroidissement. Ce sont également les bâtiments récents et neufs qui optent pour la mise en place d’un système de programmation de leur système.
Chauffage, climatisation et ventilation
Moins du tiers des bâtis combine système de ventilation, de refroidissement et de chauffage. En ce qui concerne la ventilation en particulier, c’est le système traditionnel qui est utilisé par plus de la moitié des bâtiments à usage tertiaire. Certains d’entre eux sont cependant dans l’obligation de faire appel à l’installation d’une ventilation adaptée à la nature de leur activité, et par rapport à l’existence de locaux à pollution spécifique ou à pollution épisodique. Il s’agit entre autres de la ventilation modulée, par extraction ou insufflation, hygroréglable, simple flux ou double flux, de désenfumage, etc.
Un plan durable pour la maîtrise de l’énergie ?
Moins de la moitié des bâtis tertiaires met en place un système de suivi général des consommations d’énergie qui s’avère pourtant incontournable. Plusieurs solutions sont envisageables :
- la réalisation avant tout d’un audit énergétique pour la création d’un référentiel de consommation
- la rénovation des bâtiments anciens, faisant appel à la réalisation de travaux d’isolation thermique
- l’équipement en système de chauffage et de refroidissement moins énergivore, de préférence fonctionnant à l’énergie durable et renouvelable
- l’utilisation d’appareils moins énergivores, de préférence avec une étiquette énergétique de classe A+
- l’installation d’une ventilation mécanique contrôlée basse consommation
- l’équipement en système de programmation de l’ensemble du système, ce que nous allons aborder ci-après
Notons en effet l’importance de l’automatisation du système, encore appelé « immotique », qui est en quelque sorte la reprise de la domotique mais de manière plus complexe, et adaptée à chaque type d’activité dans le tertiaire. La réduction de la consommation énergétique s’obtient par exemple par le déclenchement programmé du chauffage, de la climatisation, de l’éclairage et du contrôle des accès. L’immotique inclut aussi l’utilisation d’alarme et de vidéosurveillance, de même que l’occultation de la lumière. Ce procédé procure non seulement confort, modernité, praticité et fonctionnalité, mais permet aussi de surveiller les dépenses énergétiques générales du bâti. Ce, à distance, n’importe où et à n’importe quel moment. De plus en plus de bâtiments se tournent aujourd’hui vers cette nouvelle technologie, en tirant profit de l’excellent rendement qui en est issu.
Le décret tertiaire : qu’est-ce que c’est ?
Les dispositions se rapportant au décret tertiaire établissent une obligation de résultat. Elles ont pour but de réduire la consommation énergétique des bâtiments sur plusieurs étapes. Le premier objectif est d’enregistrer 40% de réduction en 2030, puis 50% en 2040 et 60% en 2050.
Les émissions de gaz à effet de serre qui en sont issues doivent également être revues à la baisse, avec une réduction de 54% en 2030, par rapport à 2013, et de 87% en 2050. Le but est de convertir les immeubles du parc tertiaire actuel en bâtiments 100% BBC d’ici 30 ans.
Pour cela, un plan d’action doit être mis en œuvre de manière sur mesure. Comme indiqué plus haut, le décret tertiaire réclame une obligation de résultat. Ainsi, en cas de non-atteinte des objectifs fixés, des procédures de sanction seront enclenchées.
C’est le décret en « valeurs absolues » qui a été voté, invitant les bâtiments concernés à déterminer leurs objectifs de réduction de consommation. Un seuil en valeur absolue est fixé, en kWh/m². Ce décret ne cible cependant que les bâtiments de plus de 1000 m².
Les données sur les consommations de référence seront communiquées à la plateforme OPERAT de l’ADEME afin de permettre un suivi précis et détaillé par rapport à l’atteinte des objectifs. La transmission des données se fera tout au long de l’année 2020 et jusqu’au 30 septembre 2021 au plus tard.
Rappelons que le décret tertiaire entre en compte dans l’exécution du plan de relance en faveur de la rénovation énergétique. Celui-ci a été mis en œuvre par le gouvernement au cours de l’année 2020. Le budget y afférent est de 4 milliards d’euros pour les bâtiments tertiaires publics et 200 millions d’euros pour les TPE et les PME. Le décret tertiaire est une prolongation de la loi Grenelle II (qui fixait alors une réduction de consommation de 38% en 2020), ainsi que de la loi Elan.